Taverne Kandrasienne

Un homme d'âge mûr avait appris que le Marteau d'Erelian avait été fermé. Il n'y avait donc plus de taverne dans les alentours du Palais d'Elderine. Ce dernier sentit la bonne affaire. Il amena donc femmes et enfants, et s'installa à Elderine. Il alla au Ministère de l'Intérieur lui demander une licence d'exploitation et il l'obtint sans aucun problèmes. En effet, les fonctionnaires avaient grande hâte de retrouver un endroit où déjeuner le midi et dîner le soir.

C'est ainsi que Barinos fonda la Taverne Kandrasienne.

Peu après l'arrivée de la nouvelle famille s'occupant de la taverne, un bien sombre groupe vint la visiter. C'était une demi-douzaine de jeunes gens qui, par leur teint et par leur faciès, devaient être de ces Aevenspeers qui étaient venus s'installer au Nord de Kandrasie. La plupart étaient drapés de noir, et tous portaient l'épée.

Un de ces Aevenspeers s'approcha alors du comptoir, pendant que les autres se plaçaient devant les entrées du bâtiment. Il ressemblait peu à ses compagnons, car il était plus mince et plus petit. Toutefois, son visage émacié laissait paraître les traits durs que l'on connaît à l'Aevenspir. Une fois accoudé sur la planche de bois, il toisa l'aubergiste d'un air amusé et lui dit dans un kandrasien assez pur.

"Salut à toi, aubergiste, et que la bonne fortune te sourît. Paye donc à boire aux enfants de tes maîtres et aide les en leur donnant quelque monnaie qui pourrait leur permettre de sauvegarder ton logis des malheurs... Les Scirjii, même en Kandrasie, aiment bien s'amuser avec les hommes. Autant faut-il que nous nous aidions les uns les autres, hum ?"

Un graméen, dont le visage était recouvert de tatouage noir, venu inaugurer l'Ambassade graméenne en Kandrasie et lassé des obligations du protocole diplomatique, s'était réfugié dans la taverne avant l'arrivée du troupeau d'Aevenspir. En écoutant les propos du nain des montagnes, il ne put s'empêcher de le provoquer

Belle parole, nabot. Mais toi, qui est riche et qui gagne ta vie dans le mercenariat, tu es assez riche pour mettre cette famille en dehors du besoin.
Paye ta boisson et arrête de faire espérer ces pauvres gens...

Un petit groupe d'hommes pénétrèrent dans la taverne à leur tour, ils portaient le long manteau pourpre de la garde rapprochée de l'intendant Cadenwarr et à leur habitude ils semblaient obéir aux deux plus petits d'entre eux.

La main sur le paumeau de leur actea les quatre taureaux plus en retraits regardaient d'un oeil suspicieux le groupe disparate d'Aevenspeer présents dans un lieu public à des heures de joie et de fête. Ils semblaient n'attendre qu'un signe des "éperviers" pour déclencher le combat avec les célèbres "manteaux noirs" du Karsper Iëren. L'un des éperviers, d'un regard, disposa ses compagnons stratégiquement dans la salle et s'adressa aux Aevenspeer :

Messieurs votre présence en ces murs semble allourdir l'ambiance générale de ce lieu. Je n'ai point souvenance que vous ayez présenté vos armes aux portes blanches d'Elderine et vous prierai de m'expliquer la cause du début d'altercation que je perçois entre les membres de cette assemblée.

Le deuxième épervier se tourna alors vers le graméen et, le saluant d'un signe de tête lui adressa un bref sourire ne laissant pas deviner s'il était provocateur ou complice :

Je reconnais bien là l'habituelle promptitude de ceux de votre peuple à prendre part à toute occasion de vous faire remarquer. Souhaitez que nous vous escortions jusqu'à votre ambassade ? Vous y serez plus en sécurité désormais.

Il appuya le dernier mot en jetant un bref regard sur les armes des manteaux noirs

L'aubergiste répondit alors:

"Merci seigneur Graméen.
Pour votre gouverne Aevenspeer, je ne pourrai faire fortune si vous ne me payez pas. Cela paraît logique de part nos contrées, mais peut-être que pour l'esprit d'un montagnard cela est trop complexe ?

Tes menaces sont vaines, mais sache que j'en réfèrerai aux plu hautes autorités afin que toi et tes incapables soyez châtiés"

L'aubergiste avait alors passer sa main sous le comptoir.

Le graméen fut surpris de l'irruption dans la taverne de la garde rapprochée de l'intendant Cadenwarr.

Aubergiste, ne m'appelez pas Seigneur, je ne suis qu'un simple sous-officier graméen qui était venu se désaltérer. Vos breuvages étaient excellents, je vous félicite, mais je pense que j'en ai abusé...

Soldat, je vous remercie de votre offre de protection, mais avant de me réfugier dans mon ambassade, il faudrait que je dégrise, sinon ma vie serait encore plus menacée qu'ici.

[Ahlàlà, la Kandrasie restera la terre des Bisounours, d'origine comme de raison.
C'est ce qu'on pourrait appeler "un meurtre foetal"... Un Amk'Cherkien altruiste et chevaleresque ainsi qu'une patrouille omnisciente croyant avoir affaire à la garde royale Rolling Eyes

/HRP]

La patrouille arrivée, tout le groupe aevenspeer se raidit. On laissait parler l'officier et s'échangeait des regards sombres. Chacun savait ce qu'il devait faire pour ne pas tomber entre les mains de ces chiens kandrasiens. Ou du moins... pas vivants.

Le jeune Odwoër - celui qui avait parlé à l'aubergiste - mordit son pouce devant ce dernier d'un air mauvais et, d'un coup, s'enfuit vers l'un de ses compagnons qui, déjà, ouvrait une porte qui n'avait pas encore été atteinte par la garde pourpre. Tandis que le jeune homme et les autres hommes disposés ailleurs que devant la porte principale s'échappait, les deux hommes restés devant la grande porte dégainèrent et firent tourbillonner leurs lames sur les soldats.

Quelques mètres et secondes plus loin, dans la grande rue jouxtant la taverne, Odwoër invectivait des malédictions contre Elderine et jura particulièrement contre l'homme des marais, ignard rempli de préjugés racistes. Enfoiré de tes marais, bouilla-t-il, retourne chez tes maîtres*.

(*sic !)

L'épervier qui parlait à l'aubergiste poussa un cri de rage, lança un couteau qui atteignit l'un des fuyards à la base du coup tandis que son compère sortait une dague de sa tunique en se positionant entre le graméen et les deux derniers aevenspeer qui restaient dans la taverne.

Lâches montagnards, vous remonterez sur vos montagnes nus et aussi poilus que des babouins fironkois après votre passage dans nos geôles. Elderine vous mettra en pièce !!!

Après ces invectives il se tourna vers les taureaux qui encerclaient les deux bouffons ayant décidé de se sacrifier pour un tel hurluberlu. Ils avaient rejeté leur manteau pourpre en arrière et tenait sur le côté leur actea hors de son fourreau, prêts à frapper leurs proies. Leurs armures noires étaient ornées du symbole de la garde rapprochée de l'intendant : une tête de taureau d'or sur un blason pourpre (aaaaaaarrrrrrghhh j'ai perdu l'image...) .

Rendez vous et trahissez les lâches qui vous ont abandonné, racailles, votre vie a plus de valeur que la liberté d'une telle ordure.

La situation s'intensifiait de minutes et semblait prête à se dégrader d'un instant à l'autre.

Avantagés par la faible distance qui se trouvait entre les deux groupes et le peu de place dont disposaient les taureaux pour élever jusqu'aux Aevenspeers leurs marteaux d'armes, les deux jeunes gens tinrent en retrait les Kandrasiens, attendant avec hâte que l'un des marteaux tente une attaque.

Ils se tenaient dos-à-dos, anihilant par cette position défensive toute chance de fuite. Ainsi encerclés, provoqués par des hommes qui avaient été vaincus par leur peuple des années auparavant, ils faisaient montre de sang-froid devant le désespoir qui devait les prendre. Dominant le reste de la garde par leur taille, ils scrutaient leur adversaire et, si jamais ils étaient pris vivants, leur prochain bourreau.

Aux insultes, ils ne répondirent rien. Même ces drôles-là semblaient pétris d'une fierté qui, pour nombre peuple, aurait été mal-placée. Chacun des Aevenspeers gardait précieusement son front. L'un préparait une attaque rapide contre quelqu'un poursuivant qui se serait mis en tête de suivre le reste de la bande. L'autre regardait la réaction du Graméen. Ils attendaient. Seulement.

Le graméen n'en revenait pas le nabot qui venait de s'enfuir l'invectivait dans la rue. Pourquoi s’était-il mêlé de ce qui ne le regardait pas? Arf, l’alcool conduisait à des sottises. Il attrapa un broc d’eau qui traînait sur le comptoir et se le versa sur le crane ce qui chassa les effluves d’alcool qui engourdissaient son esprit.

Il sortit sa Cthol'nahk de son fourreau. Le commandant kandrasien s'était positionné devant lui et les deux aevenspeers étaient cernés par les autres hommes de la garde. Il interpella les kandrasiens.

Soldats débarrassaient moi de ces deux idiots qui gardent la porte que j’aille égorger le nain qui semble être leur chef.

L'aubergiste s'empara alors d'un tabouret et voulut se précipiter à la porte en s'en porotégeant tel un bouclier. Maladroit et un peu benêt il trébucha contre un pied de table et s'affala sur le graméen et l'épervier la protégeant n'ayant pas prévu une telle bêtise.

Cela déclencha visiblement l'hallali, le deuxième épervier projeta sa dague qui atteignit l'un des aevesnpeer à la cuisse, les taureaux d'un ample mouvement d'actea entrèrent à leur tour dans la danse profitant de la faiblesse passagère dans la défense des deux jeunes.

Un cri retentit soudain troublant quelques secondes la vigilance professionnelle des taureaux, du haut de l'escalier une jeune fille d'environ 16 ans portait ses mains à sa bouche horrifiée par le ombat qui faisait rage.

Le graméen jura et se retint d'égorger l'aubergiste.

L'aubergiste tout frêle, rempa et se dirigea vers l'escalier où se trouvait sa fille. Il l'attrapa et la ramena à l'étage. " Ca alors, si je m'attendais à un tel grabuge en venant m'installer ici, je me serai tenu à l'écart" songa t-il en regardant tendrement sa fille. "Je vais demandé réparation, et je crois qu'ouvrir une auberge à Ephyne serait une bonne idée ! En tout les cas à Elderine, il semblerait que ce n'en soit pas une" continua t-il.

Avant que l'aubergiste se dirige vers sa fille, et avant même que le temps e flottement provoqué par cette dernière se dissipe, les deux jeunes gens, encore très fougueux et pleins de sang-froid (RoxXxoR), se jettèrent sur l'occasion et, plantèrent les premiers gardes à leur portée. Une des lames fut mortelle au taureau, qui fut atteint au col, l'autre vint s'enfoncer dans l'épaule du garde voisin.

La réaction fut assez rapide, et déjà trois lourds marteaux vinrent à la rencontre, écrasant le crâne de l'Aevenspeer blessé, et pulvérisant de l'intérieur les entrailles mêmes de son compagnon, le condamnant à une lente mais douce hémoragie interne (même si les chirurgiens ne s'en rendraient pas compte).

[Désolé Cad', j'ai pris les devants.]

Quelque temps après le combat, les Inspecteurs du Chancelier débarquèrent sur le lieu du combat après que ce dernier fut mis au courant de la situation. Les Inspecteurs étaient reconnaissables par l'insigne qu'ils portaient : sur un fond ocre entouré d'un liseré bleu pâle, une épée dont la pointe supportait une balance couleur or étaient représentées.
Les Inspecteurs étaient chargés de veiller à la sécurité des habitants d'Elderine et s'occupaient des affaires criminelles.

Il fallut deux Inspecteurs pour se débarrasser des corps qui se trouvaient dans un état déplorable baignant dans une flaque de sang, et un peu partout des restes de cervelle était éparpillés au sol et sur les murs donnant une ambiance sinistre au lieu. Deux autres Inspecteurs interrogeaient les témoins et recueillaient toutes les preuves de la bataille. L'aubergiste et sa fille semblait bouleversé par ces événements et celui-ci n'avait qu'une hâte c'était de quitter, avec sa famille, cette taverne de fou et cette cité décidément pas aussi tranquille qu'on le racontait.

Cette affaire ne devait en aucun cas se reproduire. Mais dans les rues des rumeurs circulaient comme quoi les Tavernes Kandrasiennes devenaient de plus en plus dangereuses et que des complots s'y préparaient à la tombée de la nuit.

Le tavernier alla très vite au Ministère de l'Intérieur afin de demander une indemnisation ainsi que l'autorisation de pouvoir quitter son établissement.
Le fonctionnaire qui l'avait reçu l'écouta patiemment. Puis, lui dit tout net que sa demande de départ était rejetée. En effet, ce que le tavernier ne savait pas, c'est que les fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur avaient pris l'habitude d'aller déjeuner à la Taverne, et que lorsque la première avait fermée, ils en avaient beaucoup soufferts.
Le fonctionnaire accepta de verser une indemnité pour les dégâts occasionnés, et, afin de rassurer quelque peu le tavernier, signa un papier qui était en fait un ordre de mission au chef de la garde de la 1ère milice du Ministère, qui recevait pour ordre d'assurer la protection de l'aubergiste et de sa famille, de même que celle de son outil de travail.
Afin d'encourager le tavernier, le fonctionnaire consentit également à une diminution des taxes de moitié pour l'auberge, et promit de faciliter l'accès des enfants de ce dernier à l'Académie d'Elderine.

Satisfait, ou du moins rassuré, le tavernier accepta la proposition du fonctionnaire et retourna bien calmement à sa taverne afin d'annoncer la nouvelle à sa famille.

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